Maidera, Maizières-lès-Metz

Apparition et variations orthographiques

C'est dans une charte donnée en 977 en faveur de l'abbaye Saint-Pierre-aux-nonnains de Metz par l'Empereur du Saint Empire Germanique Othon II qu'apparaît pour la première fois, sous le vocable Maidera, le nom de Maizières. La forme est bien éloignée du Maizières d'aujourd'hui et il faut attendre 1218 pour voir appaître Masieres dont les différentes appellations ne s'écarteront plus jusqu'à nos jours, les deux périodes d'annexions allemandes exceptées. L'on relève ensuite au fil du temps dans les différents fonds d'archives conservés à la bibliothèque nationale, aux archives départementales, aux archives municipales de Metz ou encore dans les recherches des érudits régionaux Maisières en 1235, Meisières en 1241, Masyeres en 1246, Maixerey en 1321, Maixeire en 1404, Maxières en 1495, Maizière devant Metz en 1514, Maisière en 1631, Maizière en 1635, Mezières en 1756 et courament pendant près d'un siècle.  

Ces formes librement écrites sont transcrites par des greffiers ou chroniqueurs régionaux mais étrangers à la commune. Les autorités préfectorales écriront Mezières très longtemps. Cette invite était elle-même faite sur demande du conseiller d'Etat, directeur général des postes, qui précisait : "... Il importe pour la régularité du service que le timbre de ce bureau présente un surnom qui empêche de le confondre avec un établissement de poste aux lettres déjà existant dans une commune homonyme des départements des Ardennes, de l'Indre, etc. A cet effet, j'ai pensé que le nouvel établissement pourrait être désigné sous l'appellation de "Maizières-Brieux", mais d'après les instructions qui m'ont été adressées par son Excellence M. le Ministre de l'Intérieur, il est nécessaire que le conseil municipal soit préalablement consulté..." Le conseil municipal se prononça le 6 septembre 1846 mais la proposition Maizières-Brieux ne fut pas de son goût car l'assemblée communale, réunie sous la présidence du maire Oley, proposa Maizières-lès-Metz, proposition qui fut communiquée au préfet qui fit suivre.

 

  Une appellation à formuler clairement

Mais dans la formulation de cette délibération, nos édiles s'étaient prononcés sur l'appellation du bureau de poste et n'avaient pas clairement formulé qu'il s'agirait aussi du nom de la commune. C'est du moins ainsi qu'est interprétée la délibération par le ministre de l'Intérieur qui ne s'empêcha pas de faire remarquer au préfet que s'il avait suivi de près ses instructions, une telle confusion ne se serait pas produite. Le conseil délibéra donc une seconde fois le 5 novembre 1846, confirmant définitivement et pour le bureau de poste et pour la commune l'appellation Maizières-lès-Metz. Le 30 mai 1847, une ordonnance royale de Louis-Philippe consacra définitivement le nom de Maizières-lès-Metz. Il est à remarquer dans cette ordonnance l'absence d'accent sur le les de Maizières-lès-Metz, lès signifiant près de.

Localement la fantaisie est aussi grande tant chez les prêtres jusqu'en 1792 que chez les officiers de l'état-civil qui leur ont succédé pour la tenue des registres paroissiaux devenus registres de l'état-civil tenus par les mairies depuis octobre 1792. On peut lire dans les registres de 1653 à 1847 une multitude de formes écrites selon l'humeur des prêtres depuis des greffiers chargés de la rédaction des actes.

 

Elles sont si nombreuses qu'il n'y a en fait aucun intérêt de les relever toutes puisqu'à l'oreille s'entedait toujours "Maizières". Mais là encore aucune certitude pour le parler du crû puisqu'au milieu du XIXe siècle, les ruraux s'exprimaient en patois, ceux de Maizières parlaient le patois du Pays messin, patois de l'Isle plus précisément, car le patois roman s'il était compris de tois les patoisants lorrains, différait d'une région à l'autre et parfois même entre deux villages voisins. En patois donc, l'on disait Mahires, le h prononcé de façon gutturale, puis Majire qui est encore avancé quelquefois par les plus vieux habitants de la Commune, lorsqu'ils avancent avec fierté leurs lointaines origines locales. L'installation d'un bureau de poste le 1er décembre 1846 allait donner à la commune son appellation définitive. Sur sollicitation du préfet, le conseil municipal fut invité à se prononcer sur l'appellation officielle de la commune.

  Les différentes désinences
Les différentes désinences Maizières, Mezières, Maizerey, Maizery... nombreuses dans tous les pays, ont probablement toutes pour origine le mot latin Maceria qui désigne un mur de clôture, le pluriel Maceriae pouvant signaler logiquement plusieurs de ces murs. Dans son dictionnaire des patois romans de la Moselle, Léon Zeliqzon donne à Majire le nom de l'endroit où l'on trouvait de nombreuses masures. A-t-on de manière précise trouvé leurs traces dans la commune et donc localisé des signes de vie des premiers Maizièrois ? Les anciens écrits n'en font aucun état pour l'agglomération actuelle qui s'est reconstruite sur l'ancien village et s'est étendue. Il est d'ailleurs peu probable que l'on y trouve encore quelque chose tant le sol a été fouillé et retourné lors des opérations de déminage et de déblaiement puis de reconstruction qui ont fait suite aux massives destructions de 1944.  

Par contre, chaque chantier de fouilles archéologiques programmé en bordure de la voie romaine livre son écot de trouvailles. Au sud dans le secteur des grands ensembles commerciaux, plus au nord devant la fabrique de céramiques et par ailleurs au lieudit des Grands prés au sud de l'autoroute A4 ont été mis à jour les plus vieux sites de vie relevés sur le territoire de la commune. En 1871, malgré l'abandon par la France de la Moselle à l'Allemagne, Maizières conserva son appellation qui se germanisa légèrement pour devenir Maizières-bei-Metz. Au début du conflit de 1914 cependant, pour irréversiblement marquer sa propriété impériale, le Reich allemand interdit la langue française et institua Macheren. Le retour à la France en 1918 nous rendit Maizières-lès-Metz jusqu'en 1941 où l'autorité nazie, par ordonnance du 25 janvier 1941, imposa Machern-bei-Metz. A la libération de novembre 1944, les Maizièrois, pour qui il n'en avait jamais été autrement dans leurs coeurs, retrouvèrent Maizières-lès-Metz

Jean-Claude JACOBY